Biographie

Trompe la Mort, c’est l’histoire d’un moment, c’est l’histoire de moments, c’est l’histoire d’une renaissance, c’est l’histoire d’un moment trompé à la mort. C’est l’histoire d’un moment retiré à la mort pour l’offrir à la vie.

Alain Mudry, dit Vito, nous revient, après avoir écumé les foules avec Staff, son premier groupe de rock sombre, complexe et mélancolique, qui avait fait un carton il y aura bientôt 20 ans, et dont le disque, *Empathic*, a été enregistré à Londres avec le producteur de Queen et de David Bowie, David Richards. Après avoir aussi fait un tabac avec Crystal Dusk, dont le titre *Bleed On Me* produit par Nick Smith (Sting) est alors en repérage sur Couleur 3, c’est avec le groupe Colorblind aux consonances plus pop, plus folk, plus aériennes et délicates que Alain effectue le plus de dates européennes, le groupe étant signé sur un label parisien et les titres de *Under a Paper Moon* ayant beaucoup passé à la radio (Radio Nova entre autres).

C’est alors qu’il interprétait ses compos en français, les premières chansons d’un Trompe la Mort en devenir, que son ancien compagnon de scène, Pierre Guéguen, présent dans la salle, lui suggère, lui intime même, de reprendre la musique ensemble, avec un nouveau groupe. Tant Pierre que Alain ont littéralement échappé à la mort, infarctus pour Pierre et problèmes neurologiques –« Il ne vous reste que quelques mois à vivre ! »- pour Alain. Et des années après, il est toujours là et bien là.

Après avoir revu Pierre, le besoin de renouveau, de scène, en français cette fois, et non plus en anglais, pour être plus exposé à ses primes émotions et les retranscrire directement, l’appel de la poésie, s’est fait sentir. Libérateur. Cathartique. Comme pour se mettre en danger tandis que tous deux avaient déjà bravé la mort, l’avaient défiée ou lui avaient littéralement survécu ou échappé. Comme par miracle.

Ecrire, écrire en français, écrire de la poésie et la chanter comme pour vivre hors du monde ou encore mieux le cerner. Trompe la Mort, c’est les mots avec quelquefois les maux, le bleu de l’âme, les tripes, tout ce qui, sans endurcir Alain, l’a façonné. Comme une réminiscence, une résurgence, une efflorescence. Une réminiscence de temps immémoriaux, non révolus, remixés, revécus pour donner vie à autre chose et faire une pichenette à la mort. Halo. Lumière.

Avec ses acolytes Pierre Guéguen, son ami de toujours, à la basse et Florent Bernheim -l’arrangeur mystérieux de l’ombre, toujours prêt à se mettre au service de la musique- à la batterie, tous deux à l’origine guitaristes pourtant, ils créent ensemble le premier album de leur nouveau groupe, Trompe la Mort, le bien-nommé. Cet album, *La douce heure*, a été masterisé à Bordeaux, dans le mythique studio Globe Audio foulé aux pieds par Noir Désir, Odezenne et Shannon Wright, pour ne citer que ces derniers.

Trompe la Mort, c’est justement des airs de Noir Désir en plus intimiste, c’est Nick Cave, c’est des riffs de Nirvana, avec une énergie et une poésie bashungienne, digne des plus grands. C’est tout cela à la fois.

Trompe la Mort, c’est drolatique et squelettique comme dans un film de Tim Burton, grand bonhomme pétri de poésie, c’est sombre et lumineux, enveloppé dans sa chaleur, comme dans un film de Wong Kar-wai, c’est rouge et c’est noir comme sur les highways, on se croirait dans un monde lynchien, où l’émotion affleure telle un rêve, par-delà les fumées. Un rêve nimbé, sensuel et romantique. Un monde vrai pourtant où les envolées poétiques laissent libre cours aux funambules, sur le fil du rasoir.

Trompe la Mort, c’est aussi et surtout un groupe de rock, qui tantôt, l’espace d’un instant, s’acoquine avec la chanson et tantôt, l’instant d’un espace, avec le folk.
Trompe la Mort, c’est l’histoire d’un moment, c’est l’histoire de moments, c’est l’histoire d’une renaissance, c’est l’histoire d’un moment trompé à la mort. C’est l’histoire d’un moment retiré à la mort pour l’offrir à la vie.